LE JOUR OÙ J’AI ENTENDU MA CHANSON SUR LES ONDES D’UNE RADIO COMMERCIALE POUR LA PREMIÈRE FOIS

Nous sommes en 2011. Assis dans le club, je suis en train de cogiter durement. La musique est bonne, l’alcool coule à flot, mais au lieu de danser, je suis en train d’essayer de trouver une solution à un problème qui me taraude l’esprit : comment avoir du succès en Afrique de l’est lorsqu’on est un artiste francophone? Que dois-je faire pour que mes chansons passent dans les radios kenyanes? Incapable de trouver des réponses à ces questions, je me tourne vers une amie pour qu’elle m’aide à trouver des pistes de solution. Sans hésiter, elle me suggère de :

  • Faire une collaboration avec un artiste local
  • Faire un morceau dansant

« Étant donné que tu n’es pas connu, il faut que tu fasses une chanson avec un artiste populaire », me dit-elle. «Ensuite, évite de faire des ballades. Les Africains s’en foutent des lyrics, ils aiment danser. Il faut que ta chanson soit entrainante. »

Elle n’a pas tort. D’ailleurs, quelques minutes plus tard, la boîte entre en transe lorsque le DJ décide de jouer Premier gaou. Bien qu’elle soit sortie depuis belle lurette, la chanson de Magic System réussit toujours à créer l’hystérie dans les boîtes de nuit de Nairobi. Dès que les Kenyans entendent la voix d’Asalfo, ils pètent les plombs. Ils ne comprennent pas les paroles, mais ils n’en ont que faire. Pour eux, la musique est faite pour être dansée, pas pour être écoutée.

La discussion avec mon amie a été fructueuse. J’ai déjà une idée précise de l’artiste avec qui je souhaite collaborer. Il faut juste que je mette mon plan en branle.

« Il faut que tu apprennes à mettre de l’eau dans ton vin »

Avec plusieurs tentatives infructueuses, j’entre finalement en contact avec l’artiste que je traquais depuis des mois. Je lui dis que j’aimerais enregistrer une chanson avec elle. De prime abord, elle semble intéressée par le projet. Je contacte alors mon pote Koudjo pour qu’il me fasse parvenir une de ses compositions.

Malheureusement, l’instru qu’il m’envoie me laisse un peu perplexe, car il n’est pas assez hip hop. Koudjo étant un bon vendeur, il réussit tout de même à me convaincre de rapper sur ce beat que je trouve très pop. « Ce n’est pas le moment de faire le puriste », me dit-il. « Si tu veux toucher un public plus large, il faut que tu fasses un crossover. » Étant donné que Koudjo a beaucoup plus d’expérience que moi dans le monde dans la musique, je décide de lui faire confiance.

Le beat est prêt. Les lyrics sont rédigés. Le studio est réservé. Je me frotte les mains, car je suis sur le point d’enregistrer une tuerie. Malheureusement, j’apprends à la dernière minute que la star kenyane, sur laquelle reposaient tous mes espoirs, n’a aucune envie de chanter avec moi. N’ayant pas eu le courage de me dire non en face, elle m’a fait une promesse qu’elle n’avait pas l’intention de tenir.

Plutôt que de m’apitoyer sur mon sort, je décide d’appeler Jackie, une fille que j’avais croisée à la sortie du studio, quelques semaines plus tôt. Tombé sous le charme de sa voix, j’avais sauvegardé ses coordonnées dans mon portable. Au téléphone, Jackie a l’air enthousiaste à l’idée de chanter avec moi. Je lui fais donc parvenir l’instru de Koudjo et je lui demande d’écrire un refrain en moins de 24 heures.

Le lendemain, nous nous retrouvons au studio. Bien que Jackie n’ait pas eu beaucoup de temps pour se préparer, nous réussissons tant bien que mal à enregistrer la chanson. Quelques semaines plus tard, je décide de la sortir. Toujours obnubilé par l’envie d’entendre ma voix sur les ondes de la radio, je me dirige vers le centre-ville de Nairobi où je remets un CD à la réceptionniste de 1 FM (une des stations de radio les plus populaires de Nairobi).

Quelques minutes après avoir quitté l’immeuble, je décide de rentrer chez moi. À peine entré dans le bus, j’entends ma chanson qui joue sur les ondes de 1 FM. Je n’arrive pas à croire mes oreilles. Mon rêve s’est réalisé. Oh what a feeling!

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