En 2004, j’ai écrit une des meilleures chansons de ma discographie, et elle s’intitule La Bonne Marchandise. Malheureusement, l’écriture de cette chanson ne s’est pas faite sans son lot de polémiques. En effet, le processus de création n’a pas été sans embûches, et la version de la chanson, qui a été mise à la disposition du public, est différente de l’original. Dans la version initiale, j’avais traité certains dictateurs africains de gangster, et cela n’avait pas plu à certaines personnes qui considéraient que mes paroles étaient des attaques gratuites. Selon elles, je ne connaissais pas ces chefs d’état, donc je ne pouvais pas proférer de telles accusations sans aucun fondement.

Je n’avais pas l’intention de m’autocensurer, mais j’ai dû me raviser après avoir eu une discussion avec mon père. Lors de notre conversation, il m’a fait comprendre qu’il est possible de dénoncer un fléau sans montrer des personnes du doigt. En d’autres termes, il faut s’attaquer aux problèmes, et non aux individus. Il avait conclu la discussion en me demandant de modifier mon texte, car mes lyrics pouvaient me mettre en danger. « N’oublie pas que ces dictateurs ont le bras long », m’a-t-il-dit. Une fois n’est pas coutume, j’ai écouté les conseils de mon père, et j’ai retiré les passages polémiques qui étaient dans la chanson.

Cette semaine, j’ai été bouleversé lorsque j’ai reçu un communiqué de presse qui m’annonçait le décès de la journaliste Denise Bombardier. Il avait été envoyé par l’attachée de presse de la famille Bombardier. Je ne connaissais pas cette personne, donc j’avoue que j’ai été très surpris de recevoir un tel communiqué. Très rapidement, la surprise a laissé la place à une interrogation : est-ce que j’ai reçu ce communiqué de presse à cause des propos désobligeants que j’ai tenus à l’égard de Denise Bombardier dans ma chanson Musique noire remix?

Je n’en ai pas la certitude, mais je pense que c’est le cas, et ça me fait de la peine de savoir que pendant que Denise Bombardier combattait un cancer, je lui tirais dessus à boulets rouges. Visiblement, je n’avais rien retenu des conseils que mon père m’avait prodigués quelques années plus tôt, et je ne suis pas fier de moi.

Repose en paix, Denise!