C’EST DANS L’ADVERSITÉ QUE LE CAMEROUN SE RÉVÈLE

Alors que je m’apprête à me rendre au Cameroun pour assister à la Coupe d’Afrique des Nations, je ne peux m’empêcher de penser à une phrase qu’un ami m’avait dite à propos du leadership du président du Cameroun, Paul Biya. « Il est très malin », avait-il dit. « Il est très discret, ne fait pas de vagues. Peu de personnes le connaissent, alors qu’il est le plus vieux dictateur sur le continent africain. »

Alors que (presque) tous les tyrans de sa promotion sont décédés ou ont été victimes de coups d’état, Paul Biya est toujours debout et il compte continuer de diriger le Cameroun jusqu’à l’âge de 92 ans (Il a été réélu en 2018, et son septennat s’achèvera en 2025).

Pendant longtemps, le chef d’état camerounais a préféré œuvrer dans l’ombre. J’ai donc été très surpris lorsque le Cameroun a décidé d’organiser la Coupe d’Afrique des nations. Pourquoi? Parce qu’un événement d’une telle envergure vient toujours avec son lot de problèmes. Les journalistes étrangers débarquent et s’en donnent à cœur joie lorsqu’il s’agit d’exposer les tares du pays. C’est connu : lorsqu’on organise une compétition internationale, le lynchage médiatique fait partie du jeu, et ce ne sont pas nos amis qataris qui diront le contraire.

Si le but de cette Coupe d’Afrique des nations était d’unir le peuple camerounais, alors le régime de Paul Biya est en train de réussir son pari. Les lions indomptables n’ont pas encore soulevé le trophée, mais toute la nation est en train de faire bloc pour lutter contre la campagne de désinformation qui vise à déshonorer le Cameroun. Conscient que la CAF et le Comité d’organisation de la CAN sont en train de perdre la bataille de la communication, les citoyens camerounais ont décidé de prendre les choses en main. Même ceux, qui s’opposent au régime, ont mis leurs griefs de côté pour défendre l’honneur de la patrie sur les réseaux sociaux.  Il est hors de question que leur pays se fasse dénigrer impunément.

La première cible du courroux camerounais est le journaliste Romain Molina, qui en prend pour son grade sur twitter. La Côte d’Ivoire n’est pas épargnée, non plus. Depuis quelques jours, de nombreux internautes camerounais encouragent leurs concitoyens à supporter l’équipe égyptienne lorsqu’elle affrontera la Côte d’Ivoire. C’est un véritable retournement de veste, étant donné que les Camerounais étaient les plus fervents supporters des éléphants pendant le premier tour de la compétition. Lors de la probante victoire ivoirienne sur les Fennecs d’Algérie, de nombreux Camerounais ont jubilé au coup du sifflet final. Alors, pourquoi ce retournement de veste?

La cause est simple : quelques internautes ivoiriens ont accusé le Cameroun de « tricherie » et ont ouvertement soutenu les Comoriens lors du 1/8e de finale qui les opposait aux lions indomptables. Certains internautes camerounais ont vécu cela comme une trahison et ont décidé de se ranger du côté de l’Égypte.

Alors que tout le monde semble s’acharner sur leur pays, les Camerounais sont plus unis que jamais. Ils ont mis un terme temporaire à leurs querelles internes et tirent tous dans la même direction.

Ce matin, une amie m’a envoyé un SMS où elle a écrit : «Je ne comprends pas ce déchaînement face au Cameroun. Ils ne savent pas qu’ils sont en train de nous booster? C’est dans l’adversité qu’on se révèle. » À bon entendeur, salut! Sixième étoile en cours de téléchargement!

Hopiho

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2 comments

  1. […] À l’aube de la Coupe du monde au Qatar, les inquiétudes des fans des lions indomptables sont légitimes, mais je tiens à les rassurer: Le Cameroun ira au moins en quart de finale de la Coupe du monde. Comme je vous l’ai dit au mois de janvier dernier, c’est dans l’adversité que Cameroun se révèle. […]

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